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Maisons de retraite : l’indispensable convention

Les représentants de la profession, du ministère de la Santé et des directeurs des maisons de retraite se rencontrent ce matin. Objet de la réunion : élaborer la convention type relative à l’approvisionnement en médicaments de ces établissements. Les débats promettent d’être agités. Car des points de divergence persistent entre les différents intervenants et la profession elle-même ne semble pas encore parvenue à un consensus sur la question.

LE VIEILLISSEMENT de la population est l’un des enjeux pour la pharmacie de demain. D’ici à 2030, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait progresser de 30 %, pour atteindre 1,2 million. Et le nombre de résidents en maison de retraite, actuellement évalué à 610 000, devrait doubler dans les quinze ans à venir.

Hier, certains souhaitaient écarter les officinaux des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Aujourd’hui, la question du rôle des pharmaciens dans la fourniture des médicaments à ces établissements ne se pose plus. Entre la convention pharmaceutique signée fin mars 2006 avec l’assurance-maladie et la loi de financement de la Sécurité sociale (Lfss) pour 2007, leur place est désormais acquise. Reste maintenant à clairement définir leur rôle au sein des Ehpad.

La réunion qui se tient ce matin, lundi 29 janvier, entre l’Ordre des pharmaciens, l’Association de pharmacie rurale (APR), les syndicats d’officinaux (Fspf, Unpf et Uspo*), les directeurs d’Ehpad et des membres du ministère de la Santé et de l’administration pourrait être déterminante. Elle vise, en effet, à permettre aux différents acteurs de trouver un terrain d’entente pour la rédaction d’un texte législatif définissant une convention type entre les officines et les établissements, comme le prévoit d’ailleurs la Lfss pour 2007. Cette convention fixerait les obligations de chacun.

 

Préparation des doses à l’extérieur.

Un projet de texte serait déjà dans les tuyaux. Celui-ci autoriserait le pharmacien à préparer des doses à administrer pour les patients non pas dans son officine, mais sur le lieu de résidence du patient, a indiqué Claude Japhet, président de l’Unpf, lors de la présentation de ses voeux la semaine dernière. Un projet qui ne l’enchante guère.

«La préparation de doses à administrer est un acte pharmaceutique qui doit répondre à des critères de bonnes pratiques de préparation, de traçabilité et de contrôle», souligne-t-il. Or, pour lui, «seule la réalisation dans l’officine permettrait de répondre à ces trois critères, le corps des inspecteurs n’ayant qu’une compétence limitée pour un quelconque contrôle sur le lieu de résidence du malade, qu’il soit à son domicile ou en établissement». Si ce point était maintenu dans la future convention, Claude Japhet craint que, dans ces conditions, bon nombre de pharmaciens ne puissent pas répondre aux cahiers des charges qui seront élaborés par les directeurs d’Ehpad car, seuls dans leur officine, ils seront dans l’incapacité de se déplacer pour assurer ce service.

 

Attention à la proximité.

A l’inverse, l’Uspo se dit opposée au déconditionnement des médicaments au sein des officines. Son secrétaire général, Gilles Bonnefond, estime en effet que cette pratique conduit à une concurrence entre les pharmacies qui ne serait pas sans conséquence pour la notion de proximité. En effet, ce n’est pas forcément la pharmacie la plus proche de l’établissement qui remporte le marché. «Une dispensation de qualité ou un suivi thérapeutique des patients s’effectue difficilement si la pharmacie approvisionnant la maison de retraite se situe à 150 km», fait valoir Gilles Bonnefond.

Le président de l’APR, Yves Trouillet, ne dit pas autre chose. «Nous souhaitons le maintien d’un service pharmaceutique de proximité, insiste-t-il. Nous ne voulons pas que la fourniture de médicaments aux Ehpad se concentre entre les mains de quelques pharmaciens.» Pour lui, pas question de déconditionner les spécialités, que ce soit dans son officine ou au sein de la maison de retraite. Cela relève plutôt, à ses yeux, de la compétence de l’infirmière. «Il ne s’agit pas d’un acte pharmaceutique, mais d’un service», martèle Yves Trouillet. La Fspf s’est, elle aussi, toujours prononcée contre le déconditionnement.

L’Ordre des pharmaciens a également une position très claire sur ce sujet. L’an passé, le Conseil central A (titulaires) s’est en effet sérieusement penché sur la question. L’instance a alors indiqué que «la préparation des doses à administrer par les pharmaciens ne peut être que “éventuelle”». Elle considère que la systématisation et la généralisation de cette pratique «conduiraient à la spécialisation de certaines officines et à l’éloignement progressif des établissements dispensateurs de leurs malades». On le voit, les discussions s’annoncent longues et difficiles.


Source : www.quotipharm.com

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