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L’ergothérapie ou comment permettre aux personnes âgées de retrouver de l’autonomie à domicile

Dans le cadre d'une journée d'étude réunissant des acteurs du soutien à domicile, organisée le 20 juin dernier par le groupe Reunica* en partenariat avec l'Adere**, les responsables de cette rencontre ont souhaité faire connaître leurs compétences respectives et sensibiliser l'opinion publique sur la profession d'ergothérapeute dans l'accompagnement du vieillissement. Plus pratiquement, ce rendez-vous avait également pour but d'évoquer l'intérêt que présente la préconisation d'aménagements du domicile et/ou d'aides techniques dans le maintien et le soutien à domicile des personnes vieillissantes.

Focus sur l'ergothérapie : une pratique d'avenir

Manger, se laver, se coiffer ou même se déplacer chez soi peut relever, après une simple fracture ou à cause d'une maladie invalidante, du parcours du combattant… L'ergothérapie, au croisement des sciences humaines, sociales et technologiques, aide à retrouver le chemin de l'autonomie.

L'ergothérapeute, un analyste de l'environnement

L'ergothérapeute est un professionnel de la santé. Membre d'équipes pluridisciplinaires, il intervient tout au long du processus de rééducation, de réadaptation et de réinsertion des personnes invalidées. Il s'attache à percevoir, dans leur globalité, leurs problèmes quotidiens afin d'améliorer leurs capacités physiques ou psychologiques, qu'elles soient amoindries de façon passagère ou définitive.

L'environnement proche est analysé dans les moindres détails pour être optimisé : réorganisation des pièces, rampes d'accès pour les fauteuils roulants, élargissement des cadres de portes, abaissement ou élévation des surfaces de travail. Après étude des capacités et incapacités de la personne, l'apprentissage d'une gestuelle nouvelle, adaptée aux changements du corps, permet de retrouver l'autonomie nécessaire à l'accomplissement des actes du quotidien : s'habiller, cuisiner mais aussi reprendre confiance en soi.

Essentiellement en institutions de soins

Le recours à un ergothérapeute (environ 5.000 en France) se fait sur prescription médicale dès que le médecin constate une perte d'autonomie. La grande majorité des ergothérapeutes intervient en institutions de soins (hôpitaux, foyers de vie, centres de rééducation et de réadaptation).

Quel est le public concerné ?

L'ergothérapie existe depuis le début du 20ème siècle. Aujourd'hui, on l'utilise pour accompagner les enfants et les adultes. Il n'y a aucune restriction d'âge mais suite au papy-boom, cette discipline se développe de plus en plus auprès des populations seniors. Les personnes âgées projettent souvent la vieillesse sur l'autre : « c'est jamais moi mais l'autre qui vieillit » pense-t-on souvent. C'est pourquoi la prévention est nécessaire, pour ne pas se sentir un jour mal dans son logement. L'ergothérapie doit donc permettre à ces générations de « mieux » vieillir et de vieillir chez elles malgré une situation de handicap.

Le sujet vieillissant, un public particulier : 30% des personnes de 90 ans et plus sont dépendantes

Le vieillissement de la population va de pair avec un accroissement du nombre de personnes en perte d'autonomie car la dépendance augmente fortement avec l'âge. Si seulement 2% des personnes entre 60 et 69 ans sont touchées, à 80 ans, elles sont 10,5% et 30% à 90 ans. En moyenne, selon les projections de la DREES et de l'INSEE, la population âgée et dépendante progresse de plus de 20% d'ici 2020 et de 50% à l'horizon 2040***.

La volonté de vieillir à domicile

Naturellement, nombreux sont les Français qui souhaitent vivre le plus longtemps et de surcroît chez eux. Vieillir, oui, mais : avec quel état de santé ? Vieillir chez soi, ou en structure ? Dans le cas où une dépendance surviendrait, que peut-on faire et ou vivre ?

Toutes ces questions sont à rapprocher de la spécificité française : les trois-quarts des personnes âgées de 60 ans et plus sont propriétaires, ce qui motive d'autant plus le désir de vieillir chez soi (à noter que seulement trois ménages français sur cinq sont propriétaires). Dans les autres pays de l'Union européenne, les seniors sont propriétaires dans les mêmes proportions que le reste de la population.

Le sujet vieillissant, qui reste la population cible du groupe Reunica est un public d'autant plus particulier qu'il engage notre société mais aussi les ergothérapeutes à se réinterroger sur ce processus qu'est le vieillissement. La qualité de vie, le maintien de l'autonomie et de l'indépendance dans un environnement sécurisé est un des objectifs majeurs. « Il est plus facile de faire des aménagements quand on a entre 55 et 75 ans que plus tard. La dépendance d'aujourd'hui se traite chez les personnes fortement avancées en âge. L'Action sociale de Réunica souhaite penser à la dépendance de demain qui cumulera l'inadaptation de l'habitat avec certaines pathologies » précise J.R Hansconrad, directeur de l'Action Sociale chez Réunica

Aide technique et aménagement du domicile

Les ergothérapeutes interviennent à partir d'une évaluation globale du sujet et de son environnement. Cette démarche s'accompagne le plus souvent par une préconisation de matériels et/ou d'aménagements prenant en compte, au plus juste, les besoins et possibilités de la personne. Les aides techniques ainsi que l'aménagement du domicile sont des solutions venant en complément de l'aide humaine et constituent un des éléments essentiels dans le maintien à domicile des personnes âgées. Elles permettent de préserver une plus grande indépendance dans les gestes de la vie quotidienne.

Une aide technique se définit comme un outil, un instrument, un matériel, un appareillage ou un équipement qui compense une ou plusieurs incapacités et participe à la réduction du handicap. Les personnes hémiplégiques, souvent dépendante d'une tierce personne à cause du déficit moteur du membre supérieur, sont obligées de prendre leurs repas d'une seule main. Il existe dans ce cas « des couteaux-fourchettes » qui permettent de s'alimenter d'une seule main.

Dautre part, dans un logement inadapté, certains obstacles peuvent rendre l'habitat dangereux et conduire la personne à ne plus accomplir certains gestes et à rétrécir son espace de vie. L'ergothérapeute est habilité à préconiser un certain nombre d'aménagements afin de limiter la dépendance.

Notons que la notion d'habitat adapté repose sur le logement lui-même, mais aussi, sur l'environnement dans lequel il s'insère, notamment les services de soutien à domicile, les commerces de proximité.

Prévention : de l'action d'aujourd'hui dépendra la vieillesse de demain

L'adage « Guérir, c'est prévenir », nous amène à imaginer qu'on ne peut pas guérir de la vieillesse, mais que cependant on peut prévenir un certain nombre de ces effets, en particulier les futures situations de handicap. Même, s'il n'est pas simple encore pour le grand public de faire la différence entre « être handicapé » et « être en situation de handicap ».

« Il nous faut vite réfléchir au mieux vivre avec son âge, il s'agit là d'un grand chantier d'éducation et de prévention, où chacun doit être accompagné, et informé des futures situations auxquelles il aura à se confronter en avançant dans l'âge : une bonne hygiène de vie, c'est bien manger ; mais c'est aussi et surtout ne pas être inactif. C'est engager une profonde rénovation : développer une politique d'aménagement des espaces publics, accroître l'accessibilité et faciliter les déplacements en ville », explique Philippe Morestin de l'Adere.

C'est rapidement favoriser des mesures permettant à chaque individu de trouver les ressources et les professionnels qualifiés pour conseiller et encourager l'aménagement et l'adaptation des logements, lieu de l'intime mais aussi de tous les dangers avec l'avancement dans le grand âge. « La prévention est à présent indispensable pour préparer les personnes qui arrivent à la retraite à rester vigilantes à leur qualité de vie au sein du domicile », conclut J.R Hansconrad, directeur de l'Action Sociale chez Réunica.


Source : www.senioractu.com

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