Vieillir ou conduire, faut-il choisir?
Quel contrôle des capacités?
La plupart des seniors souhaitent continuer à conduire même s'ils connaissent des difficultés sur la route, posant la question du contrôle des capacités de conduite des personnes âgées, de plus en plus nombreuses à conduire dans les années à venir.
Actuellement, huit millions de possesseurs du permis ont plus de 65 ans, soit 20 % des 40 millions de permis délivrés en France. En 2007, selon les chiffres de la sécurité routière, 19,8 % des morts sur la route avaient plus de 65 ans contre 24,4 % pour les 18-24 ans. Les seniors (14 % de la population en 1980 et 16 % en 2008) devraient représenter près du tiers (32 %) des Français en 2050, selon Jean-Pascal Assailly, chercheur à l'Institut national de recherches sur les transports et leur sécurité (Inrets), auteur d'un rapport, intitulé "Suivi des conducteurs âgés" (2004), pour la Direction de la Sécurité routière.
Au cours des quarante dernières années, a indiqué M. Assailly, la courbe de la mortalité routière des seniors a "suivi exactement" celle de la mortalité routière générale. Selon une étude publiée mardi par la Prévention Routière (PR) et la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), les seniors tiennent à conduire, pour conserver leur mobilité et leurs relations amicales et familiales.
Ils reconnaissent pourtant ne pas être à l'aise dans certains cas: dépassements, conduite près des poids lourds, maintien d'une vitesse de même niveau que celle des autres véhicules, redémarrage au stop ou en côte, conduite de nuit ou dans de mauvaises conditions météorologiques, lieux à forte densité de circulation. La PR et la FFSA ont d'ailleurs présenté un nouveau support pédagogique - "Conduite senior/restez mobiles" - à l'intention des formateurs de la PR qui s'adressent chaque année à 20.000 seniors lors de stages de réactualisation des connaissances ou d'audits de conduite.
En décembre 2002, un Conseil interministériel de sécurité routière (CISR) avait préconisé la mise en place d'un contrôle médical d'aptitude obligatoire pour les seniors, une idée finalement abandonnée par le gouvernement. Le professeur Claude Got, spécialiste de santé publique et de sécurité routière, s'était à l'époque élevé contre ce projet "qui n'a jamais fait ses preuves", rappelle-t-il.
Il suggère plutôt un "suivi" des seniors: contrôle du niveau d'aptitude à la conduite par un "bon" inspecteur du permis de conduire, vérification de la vue du conducteur, détection d'un éventuel Alzheimer débutant. Ce "suivi" pourrait aussi être adapté en fonction des accidents provoqués par l'intéressé. "Les pays qui ont mis en place un dépistage médical obligatoire l'ont abandonné", explique M. Assailly.
"Obliger des seniors à ne plus conduire coûtera plus cher à la collectivité car ils seront poussés dans la dépendance" en perdant une grande partie de leur autonomie. "L'arrêt de la conduite, c'est la métaphore de la mort", résume-t-il. "Le problème de la conduite des seniors n'est pas l'âge mais celui des pathologies (vue, Alzheimer) du vieillissement", ajoute M. Assailly qui suggère un "meilleur suivi par le médecin traitant de ce qui peut concerner la sécurité routière dans les pathologies des seniors".
Ce spécialiste cite la Belgique où les conducteurs, sur la base du volontariat, peuvent faire évaluer leur conduite en ville et sur route et suivre des stages de remise à niveau en fonction de leurs difficultés
08/03/2009
Source : agevillage.com