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L enjeu des métiers d aide à la personne âgée, chronique de Serge Guérin

Dans la précédente chronique, j'ai insisté sur la question de l'emploi et terminé sur l'enjeu de la formation et gestion prévisionnelle des carrières. En effet, la nouvelle donne démographique est porteuse d'une dynamique économique fortement créatrice d'emploi. A la condition de prendre en compte les besoins des personnes et les conditions de travail et de valorisation des professionnels concernés. Il s'agit aussi d'associer tous les acteurs économiques et sociaux à l'élaboration des réponses.

 

Pierre Cahuc, professeur à Paris I et Michèle Debonneuil, chef du service économique au Plan, estiment que les services souffrent à la fois d'un sous-emploi et d'une faible capacité à produire des gains de productivité. Ce qui a pour effet de réduire l'attractivité de ces services auprès des consommateurs, des entreprises, tout comme auprès des personnes privées.

Selon les auteurs, si les services en France avaient le même taux d'emploi que celui que l'on retrouve aux États-Unis, il y aurait 3,4 millions d'emplois supplémentaires. Et combien de jeunes et de seniors seraient-ils en activité réelle, plutôt que conduits à rester sur le bord de la route ?

N'est-il pas prometteur et rassurant de signaler que de tels emplois de proximité ne sont aucunement délocalisables ? À l'inverse, ils peuvent êtres tenus par des personnes n'ayant pas, au départ, des qualifications élevées, dès lors que l'on se donne les moyens de les accompagner et de les former et de les valoriser, y compris en termes pécuniaires.

Mais l'emploi dans le monde des services à la personne, en particulier âgée, ne relève pas seulement du volontarisme. Il importe par exemple de penser la formation des managers, des directeurs de maison de retraite ou de service d'aide à la vie à domicile (je n'aime pas le terme « maintien à domicile » qui a un aspect d'obligation) dans un sens leur permettant de disposer de plus de connaissance et réflexion sur la gestion des ressources humaines.

Il convient aussi de construire une politique de communication et de valorisation des métiers liés à la personne. La première question est pécuniaire sans aucun doute. Ces métiers sont mal payés et peu progressifs. Il y a très peu de perspective salariale et cela pèse sur la motivation.

Mais il s'agit aussi de renforcer le soutien à ces professionnels car ce sont des jobs difficiles et particulièrement prenants. Comment s'investir sans se perdre ? Etre très présent, mais savoir aussi se préserver. Ces professionnels doivent à la fois être très présents auprès des personnes qui en général ont une forte attente de lien social, mais aussi respecter des contraintes de temps liées à l'organisation de leur travail et/ou de la structure que les emplois. Difficile de concilier autant de contradictions De ce point de vue, il n'est sans doute pas innocent que le métier des infirmières et infirmiers est celui qui connaisse le plus fort taux d'abandon en France ?

Il faudra plus qu'une campagne de valorisation de ces métiers de proximité, pour changer les réalités. Mais l'enjeu est central.


Source : www.senioractu.com

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